NT Foundation - Psychologie clinique de l’enfant et  
Psychologie clinique de l’enfant et
 

De la maladie mentale au­­­­­x troubles psychologiques

                                         Docteur  Nguyễn Khắc Viện

L'objet de notre étude concerne les phénomènes liés à ce que nous appelons les troubles psychologiques.

­­­­­­­­Nous préférons utiliser le terme de troubles psychologiques plutôt que celui de symptôme pathologique. Car le terme pathologie fait tout de suite penser à la médecine. Il est vrai que ce domaine a un rapport étroit avec la médecine et souvent, ce sont justement les médecins et les infirmiers qui sont les premières personnes à être contact avec ceux qui ont des problèmes. Mais en fait ce domaine se rapporte aussi à d'autres branches de spécialité: en général, toute personne ayant la responsabilité quotidienne d'enfants et d'adolescents comme l'éducateur, l'assistant social responsable d'organismes pour handicapés, orphelins et enfants de rues, délinquants, etc., rencontre souvent des cas de troubles psychologiques, doit savoir la façon d'y faire face et donc avoir des connaissances de base sur ce sujet.

Il est clair que l'on a affaire à une spécialité multidisciplinaire demandant la coordination de plusieurs branches d'activités; les lieux de consultation peuvent être gérés soit par la médecine ou l'éducation, soit le service social ou la justice, mais du point de vue de la science, aucun de ces domaines ne peut prétendre jouer un rôle exclusif. De même, on ne peut pas affirmer que cette spécialité fait partie des sciences naturelles, sciences humaines ou sciences sociales, c'est pourquoi plusieurs types de méthodologies pourront être utilisées indifféremment. Et il n'est aussi pas étonnant de voir qu'il est difficile d'arriver à une grande unanimité (sans être totale) entre les différentes écoles et les différents chercheurs scientifiques. Notre équipe de recherche a dû prendre en considération le contexte du pays et les capacités concrètes des chercheurs scientifiques pour procéder de façon la mieux appropriée et non pas de suivre mécaniquement tel modèle ou tel savoir-faire de tel pays ou telle école.

Avant tout, il est nécessaire de préciser clairement que ce domaine, bien qu'il soit relié à une discipline de la médecine qu'est la psychiatrie, n'y est relié seulement que par certains aspects et qu'il ne peut pas s'y rattacher. Actuellement, dans notre pays, la psychiatrie ne se préoccupe que d'un type de maladie spéciale que la médecine appelle la schizophrénie, que l'on appelle populairement la folie parce que le nombre de psychiatres est trop peu élevé si bien qu'ils ne peuvent pas aborder d'autres problèmes. C'est donc pouquoi les psychiatres ne se sont jamais attachés aux troubles psychologiques affectant particulièrement l'enfant de même que les parents ou l'école n'ont jamais emmené les enfants dans un hôpital psychiatrique (ne pensant pas que leurs enfants soient "fous"). Personne n'aura l'idée d'emmener un enfant énurésique ou ayant fugué dans un hôpital psychiatrique. Dans plusieurs pays, après près de 100 ans d'expérience, le terme de psychiatrie n'est plus utilisé, on emploie plutôt le terme "santé mentale"; dans notre pays, les médecins continuent à utiliser le terme psychiatrie avec une signification confuse, désignant tantôt la schizophrénie tantôt la psychologie en général, contrairement au sens du terme social couramment utilisé. À N-T, nous avons pris la mesure de supprimer le terme psychiatrie au profit de celui de psychologie pour parler d'une façon générale. Ainsi, on dit consultation psychologique à la place de consultation psychiatrique. Si l'on devait s'intégrer dans le cadre d'un hôpital psychiatrique, peu de gens viendraient nous consulter, de même que peu de médecins, infirmiers, éducateurs, cadres sociaux accepteraient de se former à cette discipline. De plus, comme cela se fait en France actuellement, la psychopathologie pour adulte et la psychopathologie pour enfant sont séparées en deux systèmes différents de consultation, de thérapie et d'assistance.

Ci-dessus, l'historique de ce problème abordé dans différents pays a été rapidement rappelé; ci-après, il nous faudra revenir point par point sur cet historique pour mieux comprendre les différents points de vue afin d'en tirer une expérience, espérant ainsi éviter le plus possible les chemins sinueux, et de perdre son temps et ses efforts. (En 1994, un cabinet de consultation a été ouvert à Ho Chi Minh-ville, avec pour enseigne inscrit en grosses lettres: Cabinet de Consultation Psychiatrique pour enfants. Nous avons eu l'occasion de faire remarquer que de cette façon aucun parent n'y conduira son enfant, après quoi, l'enseigne a été changée par Centre médico-pédagogique. Il y a eu aussi le projet de monter un Club de Santé Mentale où nous avons aussi dit que personne n'y viendrait car personne ne se considère comme "fou". On n'a plus entendu parler de ce Club par la suite).

Il est important de prêter attention au fait que la naissance de la psychologie et la psychopathologie de l'enfant revêt un caractère historique très net:

- Dans toute les sociétés en pleine période de changements rapides et profonds dus à l'industrialisation, à l'urbanisme, au modernisme, l'état d'âme des gens, dont les enfants, est facilement ébranlé, ce qui engendre des troubles. D'où, la nécessité chaque jour plus grande pour un plus grand nombre de personnes de rechercher une assistance et un traitement psychologiques.

- Dans les sociétés traditionnelles les gens connaissent aussi des troubles psychologiques. Et les problèmes sont en partie résolus à l'aide de tout un système d'us et coutumes, de règlements, de méthodes éducatives, de rites religieux parfois superstitieux. Dans la société moserne, la formation de plusieurs disciplines concernant l'homme, la biologie, les sciences humaines et sociales...permettent de développer des moyens et méthodes nouveaux pour influer sur la psychologie et aider à mieux comprendre la psychologie. C'est ainsi que s'est formée la branche de la psychologie qui s'est entièrement détachée de la philosophie, afin de devenir une science à qualification professionnelle précise, une spécialité.

Auparavant, alors qu'on pensait que beaucoup de problèmes ne dépendaient que de l'éducation des parents, ou bien n'étaient que du ressort de la médecine ou encore, ne relevaient que du domaine des enseignats et de l'école, on découvre petit à petit que l'influence de la famille, de la médecine, des enseignants, des religieux, n'est pas suffisant d'un point de vue pratique et théorique. Il faut encore l'intervention d'un spécialiste en psychologie qui utilise des méthodes particulières pour comprendre et résoudre les problèmes.

      Dans les pays industrialisés depuis longtemps comme en Europe ou en Amérique un certain nombre de chercheurs sont à l'avant-garde, la majorité étant des médecins. Au XIXe siècle, ont commencé un certain nombre de recherches sur les personnes enfermées dans des "asiles d'aliénés" afin d'éviter leurs actes dangereux pour la société. Par la suite, ces lieux ont été appelés "hôpitaux psychiatriques" car on y essayait de trouver les moyens de guérir. Jusqu'au milieu du XXe siècle, afin d'empêcher que les malades en états de crise deviennent dangereux pour lui-même et les autres, des méthodes brutales de répression étaient utilisées; de plus, parce qu'il n'y avait pas encore de traitement efficace, toute personne que l'on y avait fait entrer (souvent par la force) était considérée comme devant y vivre jusqu'à la fin de sa vie. L'hôpital psychiatrique formait un monde à part, complètement isolé de la société.

À partir de 1952, ont été découverts une série de médicaments qui ont une action directe efficace sur la psychologie, permettant notamment de couper les crises, les fantasmes, de limiter les angoisses et les peurs. Les malades ne représentent plus un danger pour la société, et peuvent plus facilement entrer en communication avec d'autres personnes. Les médicaments que l'on appelle des psychotropes sont utilisés en paraèlle avec des méthodes basées sur la psychologie. Le nom généralement donné à ces traitements est la psychothérapie. On ne peut pas dire encore que la "folie" peut être guérir, toutefois, cela a aidé plusieurs personnes à trouver des monments de stabilité qui peuvent se prolonger sur plusieurs années, durant lesquels la psychologie est redevenue normale et que le travail peut être repris.

Ces méthodes psychothérapiques ont été recherchées et préconisées depuis la fin du XIXe siècle et surtout au début du XXe siècle par les célèbres premiers chercheurs tels Janet, Freud, Pavlov, Wallon Winnicott...et depuis, leurs successeurs ont mis au point beaucoup d'autres méthodes pour agir sur la psychologie humaine et mieux en comprendre les mécanismes. Les chercheurs ont compris clairement qu'en dehors de la "folie" (appelée en médecine la schizophrénie) qui atteint 1% de la population, il y a au moins 10-15% de la population présentant des troubles psychologiques, pas aussi graves que la schizophrénie mais qui provoquent des difficultés dans dans la vie et empêchent de trouver des solutions normales aux problèmes familiaux, affectifs, même avec l'aide de la médecine authentique ou de l'éducation seulement.

Et pour ces types de troubles, plus la société se développe, plus le pourcentage de personnes devant être traitées est élevé, tandis que les maladies dues à la sous-nutrition, aux bactéries, aux parasites diminuent progressivement. On a bien vu resurgir récemment des maladies infectieuses toutefois la situation générale des épidémies s'est beaucoup améliorée par rapport au siècle dernier. La psychothérapie est devenue une spécialité qui mobilise le plus grand nombre de spécialistes et, après la Seconde guerre mondiale, dans les pays développés, se sont ouverts un grand nombre de cabinet de consultation, d'hôpitaux d'Etat ou privés pour les troubles psychologiques (rien que pour les médecins formés en psychiatrie aux Etats-Unis, leur nombre s'élève actuellement à près de 40.000 sans compter le nombre incalculable de spécialistes, techniciens en psychologie, de conseillers sociaux).

D'après le traité "Reducing risks for mental Disorders" de l'Institut de Médecine-Washington 1994, les auteurs Mrazek et Haggerty nous décrivent la situation aux Etats-Unis comme suit:

En 1991, environ 20% d'adultes sont atteints de troubles psychologiques si l'on compte sur l'année; mais si l'on tient compte de la vie entière d'une personne, ce taux est de 32%.

-   En 1978, le taux n'était que de 10-15%.

-  Concernant les enfants et les adolescents, le taux était de 12% en 1986. A partir de 1990, il est de 20%.

Wilfrid Hubert dans don traité "Les Psychothérapies" (voir la bibliographie) relate une enquête de grande envergure réalisée en 1987 en Allemagne fédérale par une équipe de spécialistes très expérimentés en clinique et en tests, donnant les données suivantes:

-   50% de la population est considérée comme saine;

-  50% des personnes, si elles viennent en consultation, présentent des troubles psychologiques pouvant être répertoriés dans la table de classification CID 10. Parmi elles, il y en a la moitié, soit 25% de la population qui sont atteints de troubles légers, 25% sont diagnostiqués comme des cas de maladie dont la moitié, soit 12,5% de la population doivent être traités à domicile. 4% de la population doivent être traités à l'hôpital. 8% sont considérés comme incurables, malades chroniques, malades devant réorganiser leur vie adaptée à leur état.

Il faut dire clairement que les enquêtes de cette envergure sont très rares car elles demandent un investissement en moyens spécialisés et en argent difficile à réaliser. Quoiqu'il en soit, la tendance générale montre clairement que, dans tous les pays, les troubles psychologiques atteignent chaque jour de plus en plus de nombreuses couches de la société, le nombre de psychologues augmente de plus en plus, la psychothérapie devient une spécialité mobilisant un personnel et un budjet plus grand que n'importe quelle autre discipline dans les pays développés. Cette tendance est aussi observée dans les pays développés.

      En ce qui concerne les enfants, la pédopsychiatrie s'est développée plus lentement car les cas de "folie" sont plus rares chez l'enfant que chez l'adulte. Mais avec la limitation des naissances, l'enfant, unique ou d'une famille de deux enfants, devient un "trésor" dont on se préoccupe beaucoup plus, les parents et les responsables font plus attention aux symptômes anormaux et recherchent les moyens de les soigner. La pédopsychiatrie est devenue ainsi une spécialité de pointe parmi les disciplines en science humaine. Les universités, les instituts de recherche rivalisent pour ouvrir des cours de spécialité, des stages de formations, des colloques nationaux et internationaux. L'Etat et la société investissent dans l'ouverture des centres de soins et encouragent les travaux de recherche.

      En Asie du Sud-Est, depuis les années 60, un certain nombre de chercheurs ont été envoyés aux Etats-Unis étudier, puis depuis les années 70 les universités ont ouvert des cours en psychopathologie de l'enfant. Au Japon, des gens ont déjà été envoyés aux Etats-Unis depuis 1945 si bien que cette spécialité a commencé à se développer dans les années 1960. Toutefois, les chercheurs japonais eux-mêmes reconnaissent que dans leur pays cette discipline n'a pas encore atteint le niveau aux Etats-Unis ou en Europe.

      Ainsi, si l'on compare avec les autres pays de l'Asie du Sud-Est, notre pays n'a jusqu'à présent aucune université qui n'ait officellement crée la discipline de psychopathologie de l'enfant, avec des unités pour effectuer des consultations, des tests, des traitements psychologiques d'une façon systématique. Le retard est de 20 ans sur ces pays. Il est de 50 à 60 ans sur les Etats-Unis ou l'Europe, et de 30 ans sur Japon (*).

      Sur le début du développement de la psychopathologie de l'enfant dans les pays de l'ASEAN, nous nous sommes appuyés sur le rapport du 1er Congrès des pays de l'ASEAN.

      Concernant les sujets de recherche menés dans les pays de l'ASEAN, le Japon, Taiwan, Hong Kong, nous nous sommes appuyés sur les publications du congrès mondial de la psychologie de Taipei, 1995, (où Đặng Phương Kiệt a été envoyé comme représentant de N-T).

      Du côté des Philippines, il y a eu le Prof. Bannang, responsable du Département de la psychopathologie et de l'enfant à Manille qui a rencontré la direction de N-T à Hanoi en 1992 et a raconté: il a été faire ses études aux Etats-Unis et comme la plupart de ses collègues il a ouvert des cours de formation aux étudiants dans les universités, dans les années 70. Après avoir consulté nos livres de psychologie édités en langue vietnamienne, le Prof. Bannang a fait la remarque suivante: "Nous avons l'avantage d'être en avance sur les amis vietnamiens mais nous avons le désavantage d'avoir à faire les études en langue américaine n'ayant pas encore de manuels écrits dans notre langue nationale, ce qui fait qu'il y a une dissociation entre les spécialistes et la population qui englobe les gens devant être traités. Vous êtes pour cela en avance sur nous sur ce point". Il a ajouté: "Ce qui est plus triste encore, c'est que les meilleurs étudiants qui connaissent aussi couramment la langue américaine, une fois leur formation terminée, vont exercer leur profession aux Etats-Unis, quel dommage!".

 
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